Interprofession des fruits et légumes frais sur toute la France, INTERFEL a créé en 2020 un comité régional en Nouvelle-Aquitaine. Nous sommes allés à la rencontre de son vice-président, Jean-Hugues Belland, pour découvrir le rôle que joue cette association dans notre région.
Jean-Hugues Belland est opérateur de commerce de gros en fruits et légumes et président du groupe Profex, dont le siège social est basé à Bordeaux. Il est également vice-président du comité régional Nouvelle-Aquitaine d’INTERFEL, président du CTIFL (Centre Technique Interprofessionnel des Fruits et Légumes) et administrateur de l’AANA.
Pouvez-vous définir ce qu’est INTERFEL et nous expliquer sa présence en Nouvelle-Aquitaine ?
« INTERFEL est une interprofession proche du modèle d’INTERBEV pour la viande, sauf que nous, nous sommes dans les fruits et légumes frais. Notre métier est la promotion des fruits et légumes frais, et nous assurons un lien entre les organisations professionnelles en amont et celles en aval, c’est-à-dire entre les structures qui représentent les producteurs de fruits et légumes frais et ceux qui les commercialisent. INTERFEL a une structure nationale, et il y a 6 ans, des comités régionaux ont été créés car nous estimions que nous n’étions pas assez connectés aux réalités économiques des grandes régions. »
Quel rôle joue INTERFEL dans la région ?
« La région Nouvelle-Aquitaine est la troisième région productrice de fruits et légumes frais en France (derrière Occitanie et PACA), mais elle n’est que la 6e ou 7e région en terme de quantités achetées par les ménages. Il était important de comprendre les raisons de ces faibles chiffres d’achat. Malheureusement, des études régionales ont montré que cela s’explique, en partie, par la précarité sociale de la région. C’est triste à dire, mais dès que l’on sort du périmètre bordelais ou urbain, on se retrouve avec des populations qui consomment nettement moins de fruits et légumes par manque de moyens. Nous avons donc lancé des actions de promotion des fruits et légumes en Nouvelle-Aquitaine ; nous avons eu un retour très positif en proposant des aides aux personnes en difficulté, notamment en permettant la convertibilité des tickets-repas en achats de fruits et légumes. Nous avons aussi fait la promotion du programme “Lait et Fruits à l’école”. Nous mettons en place des actions de sensibilisation avec des diététiciennes qui interviennent auprès des scolaires de la région mais également lors d’animations grand public. Nous avons quatre diététiciennes itinérantes sur le terrain. »
Donc ce sont davantage les consommateurs que vous visez dans votre champ d’action ?
« Dans un premier temps, nous avons mené des actions de lobbying pour nous faire reconnaître comme professionnels à part entière dans la région et nous distinguer des grandes cultures, comme le maïs dédié aux industries dans les Landes. Auprès des élus et des politiques locaux, il n’était pas perçu que nous étions une région majeure en terme de production de fruits et légumes frais. Ces actions ont duré un peu plus de trois ans, et maintenant nous nous concentrons davantage sur la sensibilisation des consommateurs, avec pour objectif d’augmenter la consommation dans la région. Une autre partie de notre travail consiste à promouvoir nos métiers et nos entreprises. Nous essayons d’attirer les jeunes, car le déficit d’emplois est croissant, alors que le secteur est très diversifié. »
Avez-vous déjà obtenu des résultats sur les actions menées pour augmenter la consommation de fruits et légumes en Nouvelle-Aquitaine ?
« On ne peut pas dire que les chiffres sont très encourageants, mais il n’y a plus de baisse. Nous avons enregistré une augmentation de 1 % en volume pour la consommation de fruits et légumes frais, hors pommes de terre, (la pomme de terre dispose d’une interprofession propre). En Nouvelle-Aquitaine, les achats des ménages en volume n’atteignent que 148 kg par habitant, alors qu’ils sont presque à 178 kg en région PACA. Cet écart n’est pas négligeable. Nous pensions que ce chiffre s’expliquait par la consommation provenant des jardins, vergers et potagers, mais ce n’est pas du tout le cas ; c’est notamment lié à la précarité, mais également à un déficit de connaissance des fruits et légumes frais par les consommateurs. »
Comment INTERFEL Nouvelle-Aquitaine intervient-elle pour influencer les recrutements dans les filières ?
« Les organisations qui sont membres de notre interprofession mettent en place de nombreuses actions pour faire connaitre les métiers et les entreprises : présence dans les salons de l’emploi et de l’orientation, mise en place de formations spécifiques comme par exemple un CAP pour le métier de primeur, concours d’excellence pour valoriser les savoirs-faire par exemple celui du Meilleur Ouvrier de France primeur… Toutes ces actions demandent beaucoup de temps pour se mettre en place. Nous souhaitons valoriser les compétences de nos professionnels. »
Que peut faire INTERFEL pour peser sur les marchés à l’export ?
« C’est davantage du ressort du niveau national que des comités régionaux, mais les régions sont évidemment concernées. Des entreprises majeures de la filière des Fruits et Légumes Frais de Nouvelle-Aquitaine participent, par exemple, aux salons Fruit Logistica à Berlin et Fruit Attraction à Madrid. INTERFEL, au niveau national, participe à de nombreux salons internationaux, notamment pour nos producteurs de pommes, au salon de Hong Kong afin de toucher le marché chinois et asiatique. Et participera à un salon à São Paulo l’année prochaine. »
Comment se finance INTERFEL ?
« INTERFEL est principalement financée via une cotisation obligatoire, calculée au prorata du montant des transactions entre opérateurs de la filière de l’amont et de l’aval. »
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