[Rédaction du Lab] Distill’ino, un projet pédagogique autour de la distillation
Depuis décembre dernier, Fabien Capezutti, professeur d’histoire-géographie au lycée agro-viticole de Jonzac, travaille avec ses élèves sur le projet Distill’ino. Financé par l’Union européenne et le programme Erasmus, ce projet vise à diversifier les connaissances et les pratiques des élèves sur le monde de la distillation.
AANA : Fabien Capezutti, pouvez-vous vous présenter, s’il vous plaît ?
Fabien Capezutti : « Je suis professeur d’histoire-géographie à l’Agrocampus de Saintonge, plus particulièrement sur le site du Renaudin à Jonzac, un lycée agro-viticole plutôt orienté vers la viticulture, vu sa situation géographique, en plein milieu des vignes du Cognac. »
AANA : Qu’est-ce que le projet Distill’ino ? Comment est-il né ?
Fabien Capezutti : « La problématique des élèves de mon établissement, c’est qu’ils “baignent” dans le cognac : ils pensent cognac, ils travaillent cognac, ils ont l’habitude de travailler le cognac selon les critères et les cahiers des charges que les grandes maisons leur donnent, et au final, ils n’ont pas l’habitude de faire et de voir autre chose. En tant que professeur d’histoire-géographie, j’apprécie que les élèves soient un peu ouverts d’esprit, et je tombe parfois sur des murs. J’ai donc réfléchi, en me disant qu’il fallait faire comprendre aux élèves qu’ils évoluent dans une espèce de bulle, et que, si celle-ci un jour explose, ils n’auront pas ou peu de solutions de repli. Le marché du cognac est tourné à 97 % vers l’étranger. Si ça se passe mal à l’export, que ferons-nous de notre cognac ? La question se pose d’autant plus que la situation se tend avec les taxations de la Chine, et probablement celles futures des États-Unis de Donald Trump. Le marché du cognac n’est plus aussi flamboyant qu’hier. Il faut donc qu’ils se diversifient et qu’ils s’ouvrent à ce qui se fait ailleurs en termes de distillation, de nouvelles méthodes de travail, de nouvelles technologies et de nouvelles pistes de réflexion. Nous avons trois filières au lycée : une filière grandes cultures, une filière viticulture et une filière vente. On s’est dit que ce serait super pertinent d’associer ces trois filières autour d’un projet de création de produit. »
AANA : Comment est financé ce projet ?
Fabien Capezutti : « C’est Erasmus, donc l’Union européenne, qui finance ce projet à hauteur de 250 000 euros. J’ai imaginé ce projet, mais jamais je n’aurais pu le mettre en place sans Agnès Soulard de l’AANA, qui m’a accompagné. Nous allons emmener les élèves en Nouvelle-Aquitaine pour découvrir d’autres méthodes de distillation, ensuite nous irons au Portugal pour rencontrer nos partenaires italiens, portugais et d’autres partenaires français. Enfin, nous nous déplacerons à Forcalquier, dans le sud-est de la France, à l’université des saveurs et des senteurs, afin de mettre en place une méthodologie de travail guidée par les élèves. Cette première promotion du projet concerne quinze élèves et trois adultes. »
AANA : Comment les élèves se sont-ils approprié le projet ?
Fabien Capezutti : « Ils sont hyper motivés, complètement conscients de vivre une expérience unique. Ils se sont déjà beaucoup investis dans le projet et ont déjà bien travaillé. Ils sont partis à la découverte du monde, ont fait des recherches sur d’autres façons de distiller, parfois complètement artisanales, parfois complètement invraisemblables. Ils ont vu qu’on pouvait tout distiller, que tout était faisable. Je leur ai donc demandé d’inventer un produit. Ils ont été super inventifs, ils sont sortis de leurs sentiers battus et c’était génial. Ils ont établi un cahier des charges que nous allons présenter à tous nos partenaires européens participant au projet. »
AANA : Quel est l’objectif final de ce projet ?
Fabien Capezutti : « Le but final est de créer un produit nouveau. On espère le produire au lycée et le vendre dans notre salle des ventes, où nous proposons des produits de notre exploitation (Pineau des Charentes, cognac, jus de fruits). Ce serait le rêve. »
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