RAISIN
ACTUALITÉ
Publiée le 7 novembre 2023

[Rédaction du Lab] Vendanges 2023 : quel millésime pour le vignoble bordelais et celui de Bergerac-Duras ?

Par la rédaction du Lab Alimentation

Il est des millésimes qui laissent des goûts amers dans la bouche, malgré un beau bouquet qui présageait une grande année. 2023 sera sans doute de ceux-là, car entaché d’une épidémie sévère de mildiou au mois de juin avec des conséquences variables selon les cépages et les parcelles. Si les vins rouges, et notamment ceux issus du cépage merlot, ont souffert, les vins blancs tirent leur épingle du jeu avec un millésime réussi tant en volume qu’en qualité.

Les ravages du mildiou

L’année avait pourtant bien démarré. Le printemps avec son climat doux et sans trop de pluie, permit une floraison homogène et une belle sortie de grappes tant dans le vignoble bordelais que dans celui de Bergerac-Duras, lançant 2023 sur les rails d’un millésime exceptionnel. C’était sans compter sur ce mois de juin dont le climat, chaud et pluvieux, favorisa la propagation rapide du mildiou, et ce sur tout le sud-ouest de la France. Toutes les parcelles ne furent pas impactées de la même façon, et c’est le cépage merlot qui souffrit le plus. Les autres cépages rouges (cabernet franc, cabernet sauvignon, malbec) qui éclosent plus tardivement furent plus épargnés.

 Il a fallu attendre la dernière semaine de juillet pour que cet épisode malheureux prenne fin. Les températures élevées du mois d’août et le climat relativement sec ont permis d’assainir les vignobles, même si la sécheresse a atteint les rendements. Les raisins ont pu mûrir rapidement, et les premières vendanges furent lancées assez tôt (néanmoins plus tard qu’en 2022), à savoir dès le 16 août pour certains vignerons à Bordeaux.

Des quantités altérées, des typicités modifiées

Pour Bertrand Ballesta, Responsable Communication et Marketing à l’Interprofession des vins de Bergerac et de Duras (IVBD), 2023 sera un très bon millésime pour les vins blancs, secs et doux. Pour les rouges et les liquoreux, le bilan est plus mitigé avec des typicités de vins bouleversées : « Les assemblages des vins rouges seront modifiés, puisqu’ils seront faits à partir de davantage de cabernet sauvignon que de merlot, vu les faibles volumes récoltés sur ce cépage. On aura donc des vins plus fruités et légers, à boire rapidement, plutôt que des vins tanniques taillés pour la garde. Cela tombe bien, ce sont des vins qui plaisent davantage au consommateur d’aujourd’hui. Et pour les blancs liquoreux, ils furent obtenus par passerillage exceptionnellement, car il n’y a pas eu de botrytis cette année avec ce mois de septembre sec, sans fraîcheur et sans humidité. Là encore, leur goût sera particulier. »

À Bordeaux, l’été indien laisse entrevoir un millésime de qualité, notamment avec des jus qui exhalent des arômes concentrés pour les rouges. Côté quantité, le Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB) ne se prononce pas à ce jour, tant il est impossible d’estimer l’impact du mildiou selon les parcelles et les propriétés. Pour Bergerac-Duras, on estime une production de 400 000 hectolitres, soit comparable à celle de 2022, mais nettement inférieure à 2019, 2020 et même 2021.