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Publiée le 4 novembre 2024

[Rédaction du Lab] Le crémant de Bordeaux, la bulle qui monte, qui monte…

DOSSIER CREMANT DE BORDEAUX

Avec son cahier des charges créé en 1990, le crémant de Bordeaux est une jeune appellation sur le marché des effervescents. Bénéficiant du succès grandissant des vins effervescents comme le Prosecco ou le Cava, le crémant de Bordeaux affiche des taux de croissance records. Présentation d’un petit nouveau qui a quelques belles années devant lui.

Le crémant de Bordeaux, c’est quoi ?

Produit en blanc et en rosé selon une méthode dite traditionnelle (double fermentation, une en cuve et l’autre en bouteille), le crémant de Bordeaux est une création récente au regard des autres crémants français tels que ceux de Bourgogne, de Loire et d’Alsace, dont le cahier des charges est reconnu depuis le milieu des années 1970. On le produit à 80 % en blanc, à partir des cépages sémillon principalement, mais aussi d’ugni-blanc, de muscadelle et très peu de sauvignon blanc ; et donc 20 % en rosé à partir des cépages merlot et cabernet franc, côt et cabernet sauvignon à la marge.


C’est très difficile de comparer le crémant de Bordeaux aux autres crémants, car ils sont tous différents de par la diversité des cépages et des terroirs. Mais on peut dire que le crémant de Bordeaux se distingue par sa fraîcheur et sa vivacité. On recherche à la fois une maturité technologique et une acidité phénologique, donc on récolte les raisins très tôt et on les presse directement.”

Dominique Furlan, vigneron coopérateur, président du conseil d’administration de la cave Louis Vallon et président de la section des crémants de l’O.D.G Bordeaux

À noter que, comme pour le champagne, il est possible de faire du crémant de Bordeaux blanc avec des raisins noirs (c’est ce que l’on appelle des blancs de noirs), ce qui donne une typicité toute particulière aux vins. Une proportion très importante des crémants de Bordeaux est produite dans la sous-région de l’entre-deux-mers, enserrée entre la Garonne et la Dordogne. On en produit également de façon plus confidentielle dans le Blayais. “On pourrait produire du crémant dans l’ensemble de la Gironde,” précise Dominique Furlan. “Encore faut-il avoir des terroirs qui s’y prêtent, avec des rendements plutôt généreux et des terres profondes, comme des terres de plaines, pour que la vigne puisse se nourrir abondamment.”

Une croissance à deux chiffres

Depuis 4 à 5 ans, le crémant de Bordeaux profite d’un engouement très net des consommateurs pour les vins effervescents, notamment pour le prosecco. En grande distribution, les ventes de crémant de Bordeaux progressent de +23 % en volume et de +30 % en valeur sur les huit premiers mois de 2024 par rapport aux huit premiers mois de 2023. C’est la progression la plus significative de l’ensemble de la famille des crémants en France. Conséquence : la production est passée de 30 000 hectolitres à 120 000 hectolitres. Les volumes ont donc été multipliés par quatre en cinq ans. Une performance qui s’explique notamment par le rapport qualité-prix remarquable du crémant de Bordeaux. Quand le prix moyen du prosecco en grande distribution est de 6,99 euros, celui du vouvray à 6,78 euros, le prix moyen du crémant de Bordeaux est de 6,40 euros, soit bien en dessous des prix de ses concurrents directs.

Dominique Furlan revient sur cette formidable ascension : “Cela fait presque 10 ans qu’on réfléchit à davantage développer le crémant. D’origine italienne, je regardais attentivement ce qu’il se passait de l’autre côté des Alpes avec le prosecco. Avec le directeur de l’époque, nous avons convaincu le conseil d’administration de miser sur le crémant pour se diversifier et se distinguer de la concurrence. On ressentait déjà que le marché était en train de monter, mais il fallait y croire car le crémant de Bordeaux demande beaucoup d’investissement en termes de récolte (ramassage manuel) et de stockage (élevage long). On est très heureux d’avoir pris le train en marche, car aujourd’hui, ça sauve notre exploitation.”

Alors, le crémant de Bordeaux réglera-t-il à lui seul la crise du vignoble bordelais et sauvera-t-il l’entre-deux-mers ? Ce n’est peut-être pas si simple. À suivre…


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